Nouveau départ
 
Je me réveille dans une toute petite chambre simplement décorée. Les murs sont jaune pâle, dépourvus de tout ornement. Dans le coin de la pièce trône une simple petite table accolée au mur. Dessus, je peux apercevoir une éphéméride. Je me lève pour vérifier la date : 3 juillet 2010. Alors que je reste fixer le petit bout de carton, mes souvenirs refont surface : Océane, sirène, nouvelle vie.
Je me retourne et m’approche de la fenêtre afin de tirer les rideaux. Le temps est gris, mais j’ai une vue imprenable sur l’océan. Je me ressaisis.
Puisqu’il faut commencer une nouvelle vie, autant la commencer dès maintenant, pensé-je.
Je me dirige vers le placard – je ne sais pas vraiment pourquoi, une vieille habitude sans doute – mais à ma grande surprise il est rempli de différents vêtements : sous-vêtements, jeans, t-shirts, sweats, robes, vestes, diverses chaussures... Bref, une garde-robe classique. Je prends des sous-vêtements, un jean et un T-shirt puis m’engouffre dans la salle de bain afin de prendre une douche pour m’éclaircir les idées. Je fais attention à ôter mon bracelet avant de pénétrer sous le jet. Au contact de l’eau, la marque sur mon poignet se met à scintiller et je ne peux m’empêcher de la contempler pendant au moins 5 bonnes minutes avant de me raviser pour finir de me laver et de remettre mon bracelet en place.
Une fois prête, je décide de faire une balade afin de savoir où j’ai pu atterrir. C’est en allant prendre les clés de ma chambre qui se trouvent sur le bureau que j’ai la réponse. Une toute petite carte avec l’entête d’un motel trône dessus : « Motel calypso Vero Beach comté d’Indian River, Floride ». Le nom me fait sourire. Calypso, décidément quoi de mieux qu’un motel avec le nom d’une nymphe pour recommencer à vivre. Je m'en vais donc découvrir Vero Beach puisque visiblement c’est ici que je vais prendre un nouveau départ.
Mais avant d’entamer ma visite, je vais à la réception, dans l’espoir d’avoir du courrier qui pourrait m’éclairer un peu plus sur ce que je devais faire ici.
Lorsque je pénètre à l’accueil, une jeune femme ayant la trentaine, des cheveux courts coiffés en arrière et un regard chaleureux m’accueille avec un large sourire.
— Bonjour mademoiselle.
— Bonjour, réponds-je timidement.
— Que puis-je pour vous ?
— Pouvez-vous me dire si quelqu'un a laissé une lettre pour moi ?
— Oui, attendez, votre amie m’a chargée de vous remettre ça lorsqu’elle vous a déposé hier soir, dit-elle en extirpant une enveloppe blanche de sous son comptoir.
Mon amie ? C’est étrange, je n’ai aucun souvenir de mon arrivée ici. J’ose quand même l’interroger pour en savoir un peu plus tandis que je m’empare du pli qu’elle me tend.
— Excusez-moi, cela va peut-être vous paraître curieux, mais je n’ai aucun souvenir de mon arrivée alors est-ce que par hasard, mon amie vous aurait laissé son nom ?
— Non désolée. Elle m’a juste dit que vous aviez eu un chagrin d’amour et qu’il valait mieux pour vous changer d’air un moment.
— Je vois, mais peut-être que vous pourriez me la décrire physiquement
— Oh ! ça oui ! Votre amie est très jolie. Grande, Blonde avec de longs cheveux et de magnifiques yeux bleus.
— Océane, murmuré-je pour moi-même.
— En tout cas, elle a payé votre chambre pour un bon moment alors j’espère que vous irez mieux.
— Oui merci madame.
— Appelez-moi Jessie.
— Très bien Jessie. Moi, c’est Évalyn.
— Enchantée, reprend-elle.
— Vous devriez en profiter pour visiter notre jolie ville. C’est très sympa, vous verrez et qui sait, peut-être que vous vous y plairez.
— Pourquoi pas ? Je vous remercie de votre accueil, et au passage on pourrait se tutoyer. Bonne journée !
— Merci, toi aussi, Évalyn ! dit-elle en souriant.
Dès que je referme la porte derrière moi, je décachète mon courrier afin d’en savoir un peu plus. J'y découvre plusieurs titres d'identité et un papier soigneusement plié en quatre. Lorsque je le déplie, je découvre une carte de crédit, coincée au milieu des plis. Sur la feuille, un mot est écrit de façon raffinée :
Évalyn,
Pour t'aider à prendre un nouveau départ, tu trouveras ci-joint une carte de crédit à ton nom. Le compte possède un solde de 300.000 $. Le code est 2202. Tu trouveras également un passeport et un permis de conduire à ton nom. Tu pourras rester ici aussi longtemps qu'il te plaira. Profites-en.
O.
Je n’en reviens pas. Je ne connaissais toujours personne hormis Jessie désormais – et encore, si je peux vraiment la compter –, mais le fait de savoir que je ne suis pas sans ressources me rassure un peu.
J'examine un peu mieux le petit rectangle en plastique sur lequel mon nom est écrit en lettres dorées : Évalyn ÉNÉRIS, et souris en contemplant mon nouveau nom. Je prends soin de replier la lettre avant de la glisser dans la poche arrière de mon jean et de m'approcher du distributeur de billets se trouvant un peu plus loin sur la façade du Motel. J’introduis ma toute nouvelle carte pour retirer 40 $.
J'entreprends de visiter la ville comme me l’a conseillé Jessie et c’est ainsi que je déambule dans les rues sans savoir vraiment où je vais. Le grand air me fait le plus grand bien et me réchauffe un peu le cœur tandis qu’un rayon de soleil commence à transpercer l’épaisse couche nuageuse.
Je me dirige vers la plage qui à mon grand étonnement, n’est pas trop fréquentée.
Arrivée à destination, je m’assois sur le sable puis ferme les yeux en relevant légèrement la tête vers le ciel. Je fais le vide dans ma tête en me focalisant uniquement sur les bienfaits que peut apporter le soleil au moral. Je sens un bien-être envahir tout mon corps.
 
Cela fait maintenant 2 bonnes heures que je n’ai pas bougé, profitant des UV qui réchauffent ma peau. Je me sens bien cependant, j’ai toujours cette sensation de vide au fond de moi. C’est alors que les grognements de mon estomac m’indiquent qu’il est temps pour moi de m’alimenter.
Je me relève afin de me rapprocher du centre-ville et de trouver quelque chose à manger.
Le premier restaurant sur lequel je tombe est spécialisé dans les fruits de mer et à la vue du menu proposé, j’ai un haut de cœur. J’aurais dû m’en douter, ma condition de sirène ne me permet plus d'avaler quoi que ce soit d’aquatique. Je poursuis donc mon chemin pour m’arrêter devant une sandwicherie qui fera l’affaire. Je prends donc une salade composée, un soda et une pomme avant de regagner ma chambre.
Sur le chemin du retour, un individu me bouscule manquant de me faire tomber à la renverse. Il est grand, costaud, les cheveux noirs bouclés, d’une beauté fracassante avec un regard d’un gris intense, un teint caramel et remarquablement bien habillé par rapport au reste de la population que j’ai pu croiser.
— Je suis désolé, je ne regardais pas où j’allais, s’excuse-t-il.
— Ce n’est pas grave. Ça arrive à tout le monde.
— Je peux vous inviter à prendre un café pour me faire pardonner ?
— Ce n'est pas nécessaire. Je vous remercie pour l’invitation, mais il se fait tard et je dois rentrer, mens-je.
Je ne saurais dire pourquoi, mais cet homme me fait peur. Sa carrure sans doute ou que sais-je encore.
— Je me présente, je m’appelle Nath Gyls.
— Enchantée, mais je dois vraiment y aller, dis-je en essayant de me défiler le plus vite possible.
— Et… est-ce une excuse pour ne pas me donner votre nom mademoiselle ?
Apparemment, il est déterminé à ne pas me laisser partir.
— Je m’appelle Évalyn, préférant taire mon « nom de famille ».
— Joli nom, reprend-il avant d’ajouter : Vous n’êtes pas du coin ou je me trompe ?
— Exact, mais qu’est-ce qui vous fait dire ça ? demandé-je alors qu’il a piqué ma curiosité.
— Et bien tout d'abord, vous avez un charmant accent français ensuite si vous étiez du coin, vous m’auriez reconnue, dit-il avec un sourire charmeur.
— Ah et je devrais ?
— Peu importe, mais accepteriez-vous quand même de prendre un café avec moi ?
— C’est très aimable à vous, mais je dois vraiment y aller, dis-je avant de tourner les talons en courant.
Après mon sprint, je regagne ma petite chambre, complètement essoufflée, mais soulagée qu’il ne m’ait pas suivie.
J’allume la télé tout en entamant mon piètre festin. Je tombe sur une série à l’eau de rose puis sombre dans un sommeil des plus profonds.
 
Le lendemain suivant, ma journée s’annonce identique à la précédente si ce n’est que cette fois-ci je ne me lève pas à 16 heures comme la veille. Je vais encore errer en solitaire comme une âme en peine.
En passant devant l’éphéméride, je m’aperçois que nous sommes le 4 juillet et je réalise que pour ce pays, les États-Unis, c’est la fête de l’indépendance. De plus, j’avais pu voir la veille des dizaines d’affiches annonçant un feu d’artifice et diverses festivités. Je pense que ce serait une occasion de me divertir un peu.
Lorsque je quitte ma chambre, je passe voir Jessie pour lui donner un Bonjour amical.
À peine ai-je poussé la porte qu’elle me salue.
— Bonjour Évalyn, comment vas-tu aujourd’hui ?
— Bonjour Jessie. Je vais bien, merci.
— Alors, tu as pris le temps de visiter notre ville ?
— Oui c’est très joli. Tu avais raison.
— Je le savais que tu te plairais ici. Ce soir, la ville organise une fête ainsi qu’un feu d’artifice, tu n’as qu’à en profiter pour te changer les idées.
— Oui, c’est une idée, soupiré-je avant de reprendre, ça te dirait de m’accompagner ?
— Ça aurait été avec plaisir, mais ce soir je suis de garde au Motel et je ne peux pas me libérer.
— Oh ! soufflé-je un peu déçue.
— Ne t’en fait pas. Nous aurons l’occasion de sortir un de ces quatre si ça te tente.
— Bien sûr !
— Tiens j’oubliais, le fleuriste est passé tout à l’heure et il a laissé ça pour toi, dit-elle en me tendant un énorme bouquet de roses rouges.
Je suis estomaquée. Qui pouvait bien m’envoyer des fleurs.
— Il y a un mot accroché, ajoute-t-elle.
Je m’empare du petit carton afin d’éclaircir ce mystère.
Pour la ravissante fugueuse. Ma proposition pour un café tiens toujours appelez-moi
Nath Gyls
Au dos de la carte se trouve un numéro qui, je suppose, est celui de ce fameux Nath.
— Et bien, t'es à peine arrivée et t'as déjà un admirateur, me taquine Jessie.
— Tout ça parce qu’il m’a bousculée hier, sifflé-je.
— Qui est-ce ?
Je lui tends la carte.
— Bah ça alors ! T’as tiré le gros lot ! lâche-t-elle.
— Tu le connais ? demandé-je.
— Qui ne le connait pas. Nath Gyls est l’avocat le plus réputé de la ville.
— Ah !
— Tu vas le revoir ?
— Je ne crois pas non. Je dois y aller maintenant bonne journée Jessie.
— Et tes fleurs ?
— Garde-les je n’ai pas de vase de toute façon.
— Je peux t’en prêter un si tu veux.
— C’est gentil, mais je ne préfère pas.
— Comme tu voudras. Bonne journée Évalyn !
Comme la veille, je quitte la réception et m’en vais arpenter la ville.
La journée s’écoule rapidement, j’ai encore passé mon temps à flâner au travers des rues comme une âme en peine tandis que la nuit commence à tomber.
J’entends la musique provenant de toute part. Tout le monde s’apprête à fêter le jour de l’indépendance. Je n'apprécie pas trop la foule et je préfère m’éloigner du bruit afin de pouvoir contempler le spectacle nocturne qui ne va pas tarder à commencer.
J'atterri sur un étroit ponton en bois courant juste au-dessus de la mer. Je marche jusqu'à son extrémité puis m’allonge. Ma montre affiche 22 heures ce qui me laisse une heure avant de contempler les éclats multicolores qui allaient exploser dans le ciel.
Je laisse pendre mon bras droit dans l’eau afin d’en caresser la surface et je ferme les yeux. Le son que produit le liquide au contact de mes doigts me détend.
Je laisse mon esprit divaguer. Je suis encore un peu perdue, mais surtout, j'ai la sensation que ma solitude m'enveloppe comme une seconde peau. Je ne vois pas comment je pourrais me sortir de ce carcan jusqu'à ce qu’une voix suave me sorte de mes songes.

— Bonsoir, je peux ?
J’ouvre les yeux et me redresse rapidement. J’aperçois la silhouette d’un homme me faisant signe pour savoir s'il peut prendre place à mes côtés.
Il est plutôt grand et bien proportionné, une carrure de maître-nageur peut-être. Cependant, l’obscurité m’empêche de voir les traits de son visage.
J'acquiesce d'un signe de la tête et me décale afin de lui laisser de la place.
Je ne sais comment l'expliquer, mais j’ai l'impression d'avoir ressenti une profonde tristesse dans sa voix. Sans que je puisse avoir le temps de replonger dans mes chimères il se met à engager la conversation.
— Je ne voulais pas vous déranger. Je ne savais pas qu’une autre personne que moi venait le soir à cet endroit.
— Excusez-moi, je ne savais pas que c’était une propriété privée.
Grâce aux reflets de l’eau qui réfléchissent les lumières de la ville, je devine un léger sourire s’afficher sur son visage.
— Je vous rassure ce n’est pas une propriété privée c’est juste que j’aime venir ici pour me retrouver seul. Je m’y sens bien.
— Je veux bien vous croire, j’ai découvert cet endroit tout à l'heure et j’avoue y ressentir un certain bien-être.
— Je m’appelle Matt Spencer et vous, accepteriez-vous de me donner votre nom ?
— Et bien je m’appelle Évalyn, enchantée Matt.
— Et… est-ce qu’Évalyn a un nom de famille ?
— Enéris, Evalyn Enéris.
— Enchantée Evalyn.
— Vous pouvez m’appeler Éva, dis-je timidement
— Très bien Éva à condition qu’on se tutoie puisque visiblement nous allons partager ce ponton pour la soirée.
Sa remarque me fait sourire.
C’est de cette façon que nous commençons à engager la conversation. Au fur et à mesure, j’apprends qu’il a 23 ans et qu’il a grandi ici depuis l’âge de 4 ans, mais ses paroles font ressortir un vide inexplicable en lui. Il me parle ensuite de ses amis qu’il connaît depuis toujours.
J’ai encore du mal à comprendre pourquoi un parfait inconnu me raconte sa vie. Pourtant, je le comprends dans la mesure où moi aussi je suis seule dans ce monde et je l’écoute attentivement. Puis il se met à sourire tout en ayant le regard perdu dans l’horizon :
— Je ne sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça. Je ne vous ai jamais vu.
Sa voix est si triste et éteinte que je ne peux m’empêcher d’essayer de lui remonter le moral, car finalement il n’y a pas que moi qui suis envahie par la solitude.
— On ne se tutoie plus ? dis-je finalement pour détourner la conversation.
— Désolé, s’esclaffe-t-il timidement.
Soudain, un énorme coup retentit. Une fusée s’élève dans le ciel et éclate dans une couleur dorée pailletée. C’est à ce moment précis que j’aperçois enfin son visage pour la première fois. Ses traits sont fins pour un homme, les courbes de sa mâchoire bien dessinées et saillantes, ses cheveux courts sont couleur châtain et ses yeux aussi verts que la forêt amazonienne.
Nous restons là, à contempler en silence le spectacle qui se déroule sous nos yeux et à vrai dire je ne sais pas ce qui me fascine le plus, le feux d'artifice ou son magnifique visage. Pour la première fois depuis ma transformation, je me sens troublée.
Au bout d'une demi-heure le calme revient dans le ciel, faisant place de nouveau à l’obscurité.
Il se relève, ce que j’imagine signifie la fin de notre discussion et je ne peux l’expliquer, mais la déception envahit mon cœur. Tout le contraire de ce que j’avais ressenti la veille avec ce Nath.
Une légère brise commence à se lever ce qui fait chuter la température de quelques degrés me faisant frissonner.
— Accepterais-tu de boire un verre avec moi ?
Sa proposition me ravit et une vague de chaleur me submerge.
Je ne me fais pas prier et accepte la main qu’il me tend pour m’aider à me relever.
Nous regagnons lentement l’entrée du ponton puis je me tourne vers mon nouvel ami.
— Ça ne t’ennuie pas si l'on va dans un endroit calme, je n’aime pas trop la foule et je ne connais personne ici.
Cela dit, c’est plus une excuse pour éviter de tomber sur mon "pseudo" admirateur.
— J’ai bien une idée, mais je n’ai pas envie que tu me prennes pour un pervers ou quelque chose dans le genre.
— Je ne pense pas que ce soit ton genre même si je te connais à peine, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai confiance en toi alors je te suis.
Il hoche la tête en m’adressant un sourire.
— Alors où va-t-on ? demandé-je.
— Chez moi ça te va ?
— Pourquoi pas.
Nous rejoignons la ville jusqu’à sa voiture, une BMW M3 bleu nuit dans laquelle il m’invite à monter.
— Joli bolide.
— Tu aimes ?
— Assez oui.
— C’est rare qu’une femme s’intéresse aux voitures, dit-il surpris.
— Y a un début à tout.
Ma réplique le fait sourire puis il met le contact, fait vrombir le moteur et enclenche la première.
Nous roulons jusqu'à sortir de la ville pour nous arrêter devant un grand portail noir. Il presse un petit boitier situé sur le tableau de bord déclenchant l’ouverture automatique des deux battants, laissant apparaître un magnifique chalet édifié sur 2 étages. Une allée court jusqu’à la maison et chaque côté de celle-ci est tapissé de pelouse.
L’éclairage extérieur ne fait que mettre en valeur la beauté de l’édifice. Son architecture est complètement différente des habitations que j'ai pu voir jusqu'à présent.
L’arrêt du moteur stoppe mon admiration. Je n'ai même pas remarqué que nous sommes déjà arrêtés devant l’entrée principale. En parfait homme galant, il fait le tour de la voiture afin d’ouvrir ma portière. Je sors du véhicule tandis que mon regard reste de nouveau accroché à la maison.
— Tu es toujours là ?
Oups ! Je dois avoir l’air bête à contempler la maison.
— Oui, enfin je crois, dis-je confuse.
Il ne peut s’empêcher de rire.
— Tu as l’intention de rester dehors ou tu te résignes à m’accompagner à l’intérieur, se moque-t-il, tandis que je ris à mon tour. Ce ne sont que quatre murs et un toit.
— Oui jolie cabane de pêcheur, le taquiné-je.
Nous nous mettons à rire derechef.
— Je dois avouer que ça faisait longtemps que je n’avais pas ri comme ça, avoue Matt.
— Oui moi aussi.
— Viens rentre.
Il monte les escaliers qui débouchent sous un porche courant le long de la maison, ouvre la porte et m’invite à entrer en s’inclinant dans une gracieuse révérence.
L’intérieur est raffiné et décoré avec soin. Je pénètre dans l’immense salon où trône un énorme canapé d’angle en cuir noir faisant face à une cheminée sur laquelle est accroché un imposant écran plat. De chaque côté de l’âtre se dresse une impressionnante vidéothèque. Le mur du fond est une grande baie vitrée donnant sur le jardin arrière. Je suis fascinée par cet endroit et je me demande bien d’où lui vient cette idée de s’évader à l’extrémité d’un ponton dans la mesure où je me sens apaisée ici. Cependant, il doit remarquer ma posture statique et s’adresse de nouveau à moi :
— Met-toi à l’aise, fait comme chez toi.
— Oui merci c’est gentil.
Finalement, j’ose avancer doucement dans la pièce, attirée par le seul cadre se trouvant dans le salon et je ne peux m’empêcher d’assouvir ma curiosité. Je m’approche de ce qui se révèle être une photo. Il y a sur celle-ci mon hôte, mais aussi deux garçons et deux filles dans une posture assez loufoque, excepté Matt en retrait, affichant un sourire forcé. Sa bouche sourit certes, mais pas ses yeux. Il a toujours ce regard triste.
— Ce sont mes amis, dit-il, me faisant sursauter au passage. Désolé je ne voulais pas t’effrayer.
— Oh ! non, c’est moi qui suis désolée, je suis trop curieuse.
— Le grand brun baraqué c’est Killian Mills, reprend-il.
C’est un jeune homme grand et fort environ dans la vingtaine comme Matt, les cheveux bruns courts, les yeux bleus. Il me fait vite penser à un gros nounours.
— Et voici sa sœur jumelle Ashley Mills, ils ont 24 ans tous les deux.
— Sa sœur jumelle, mais ils ne se ressemblent pas du tout, fais-je étonnée.
En effet, elle a les cheveux longs bruns avec des reflets auburn, les yeux noir intense et une silhouette fine digne d’un mannequin de haute couture. Le seul point commun qu’ils ont est la couleur de leur peau légèrement hâlée.
— Mouais je sais surprenant, hein. Elle est amoureuse de Thomas Smith, il a 25 ans, reprend-il en me désignant du doigt un homme brun de taille moyenne musclé, mais sans excès, aux cheveux bruns ébouriffés et aux yeux gris, et lui aussi est amoureux d’elle, mais visiblement aucun des deux n’a eu le courage de faire le premier pas, ajoute-t-il.
— Et voici Megan Richards, elle a le même âge que moi et c’est la petite amie de Killian. Ils sont ensemble depuis le collège.
Elle aussi tout comme Ashley est aussi fine qu’un mannequin. Elle a les cheveux longs couleur caramel, des yeux noisette et la peau bronzée.
— Vous avez l’air d’être très unis.
— Oui cependant ils sont assez, comment dire, envahissants et c’est pourquoi j'ai besoin de changer d'air de temps en temps, mais je les aime plus que tout et je sais que je peux toujours compter sur eux.
— Oui, c’est sûr. C’est toujours agréable d’avoir des amis sur lesquels on peut compter, soupiré-je.
Percevant ma tristesse, il porte sa main sur ma joue.
— Je veux bien me dévouer, chuchote-t-il alors que j’esquisse un sourire.
Puis il me prend par les épaules et me conduit devant la baie vitrée, l’ouvre et me propose de m’asseoir au salon de jardin pendant qu’il va nous chercher des rafraichissements.
Je profite de son absence pour admirer le jardin. Il y a une grande piscine au milieu de celui-ci et il est très arboré. Cependant, je me ressaisis dès que j’entends le tintement des verres dans sa main. Il prend place en face de moi, me sert à boire et reprend de nouveau la conversation
— Alors Éva, maintenant que tu sais à peu près tout de moi, à mon tour d’en apprendre sur toi.
Je lui adresse un sourire et lui demande ce qu’il veut savoir.
— J’ai constaté un léger accent dans ta voix tu n’es pas d’ici n’est-ce pas ?
— C’est juste, je suis Française.
— Oh et que viens-tu faire aux États-Unis ?
— Vivre.
Je lâche cette réponse avec une telle morosité qu’un malaise s’installe en moi.
— Vivre ? m’interroge-t-il
— Je n’ai plus de famille alors je suis venue ici pour repartir à zéro. Je suis arrivée depuis hier seulement et je ne connais absolument personne hormis la gérante du Motel où je suis actuellement. Enfin, c’était encore le cas il y a 2 heures de cela, soupiré-je, en prenant soin d’occulter l’épisode Nath Gyls.
Ma remarque le fait sourire. C’est fascinant le charme qu’il dégage dès que son visage s’illumine de ce rictus.
— Je suis orphelin également, confesse-t-il.
— Je suis désolée. Je ne voulais pas…
— Ne t’en fais pas, ça va. Mes parents sont morts dans un accident de voiture lorsque j’avais 17 ans. Je n’étais pas loin de la majorité ce qui m’a évité de me retrouver en famille d’accueil. Mon père était un notable respecté et j’ai hérité de la propriété ainsi que d’une jolie somme qui m’a permis de m’en sortir facilement et de me faire émanciper par la même occasion.
 
Nous passons le reste de la nuit à discuter de tout et de rien, de nos goûts respectifs, de nos rêves si toutefois j‘en avais, car au vu de ma situation, il m’est encore difficile d‘avoir le moindre projet. Ainsi, il savait tout de moi, enfin presque, hormis le fait que je suis une sirène. Tout comme moi, je sais tout de lui sauf peut-être ce qu’il fait dans la vie. Nous nous connaissons que depuis quelques heures et pourtant j’ai l’impression de le connaître depuis toujours.
Je n’ai pas vu le temps passer lorsque les premiers rayons du soleil commencent à éclaircir le ciel, je sais qu’il est temps pour moi de regagner ma modeste petite chambre de Motel.
— Je crois qu’il est temps pour moi de rentrer.
Ces mots ont pour effet d’effacer ce doux sourire qui illumine son visage et je ne sais pourquoi, mais mon cœur se resserre.
— Ce soir 21 heures au ponton, lancé-je, en espérant qu‘il accepte de me revoir.
— 21 heures ça me va, je te raccompagne, me dit-il d’une voix douce.
— Oui je veux bien.
Nous quittons la propriété et montons dans sa voiture. Il me demande avant de démarrer le nom du motel.
Le trajet du retour se déroule dans un silence pesant. Je suis à la fois triste de devoir le quitter, mais aussi impatiente de le revoir ce soir.
Lorsque la voiture s’arrête à destination, il reprend « le rite » qu’il a eu en début de soirée en venant m’ouvrir la portière.
— À ce soir alors, lancé-je afin de rompre le silence qui s’est installé.
— À ce soir, dit-il en se penchant pour déposer un léger baiser sur ma joue.
C’est alors qu’un frisson parcourt mon échine. Ce contact m’a transportée sur un nuage. Je me détourne de lui afin qu’il ne remarque pas le feu qui envahit mes joues. Je lui fais signe de la main.
J’avance jusque devant la porte de ma chambre, fourre la clé dans la serrure et pénètre à l’intérieur.
Je décide de prendre une douche avant d’aller me coucher, puis m’allonge sur lit avant de tomber dans un sommeil profond. J’ai l’impression d’être en apesanteur, aussi légère qu’une plume. Cette sensation ne m’était encore jamais arrivée du moins d’autant que je m’en souvienne.
 
Ce sont les grognements de mon estomac qui finissent par me tirer de ma léthargie. J’ouvre les yeux afin de vérifier l’heure. Ma montre affiche 18 heures.
Nom d’un chien j’ai dormi comme un bébé pendant 12 heures. Mais la nuit que je venais de passer n’a enlevé en rien l’état dans lequel j’étais lorsque je me suis endormie. Je me lève d’un bon afin de me préparer. Je me surprends même à fredonner une douce mélodie.
Au bout d’une demi-heure, je suis prête.
Je passe vite fais faire un coucou à Jessie avant de sortir en ville pour grignoter un bout avant de pouvoir le revoir.
Notre entretien est bref et je ne m’attarde pas trop afin d’être à l’heure à mon rendez-vous, car même si la pendule de l’accueil affiche 19 heures, je me sens comme une adolescente à son premier rencard.
 
Comme le premier jour, je m’arrête à la même sandwicherie et commande une salade, un soda et un fruit avant de m’installer en terrasse.
Je finis rapidement mon repas avant de reprendre ma ballade et constate qu’il n’est que 19 h 30, soit 1 h30 d’attente. Je n’ai jamais trouvé le temps aussi long, c’en est frustrant.
Pourtant, mon errance au travers de la ville me conduit inconsciemment au ponton et je suis surprise de constater qu’il est déjà là, allongé face à l’océan, les bras croisés derrière la nuque, les yeux fermés. Je ne peux m’empêcher d’avancer à pas de velours vers lui.
— Matinal, ironisé-je.
Il se redresse d’un coup en m’adressant un sourire si craquant.
— Je n’ai pas fermé l’œil pour être honnête
Je suis étonnée de sa réponse. J’espère juste qu’il ne pose pas la question.
— Et toi ? m’interroge-t-il.
Aïe
— Hum ! pour être honnête, j’ai dormi comme un bébé, avoué-je légèrement honteuse.
Ma gêne a pour effet de déclencher de nouveau un joli rictus sur son visage.
— Je vois, décalage horaire, fait-il amusé.
— Ça doit sûrement être ça.
Je ne peux m’empêcher de m’accroupir à ses côtés et de lui rendre le baiser qu’il m’avait donné ce matin. Mon geste déclenche de nouveau un frisson le long de ma colonne vertébrale.
— Que veux-tu faire ? lance-t-il.
— Aucune idée. Je suis étrangère à cette ville, à toi de me faire découvrir le coin.
— À vrai dire, il n’y a pas grand-chose d’extraordinaire à voir.
— Très bien alors, c’est moi qui ferai le guide.
Il parait étonné, mais cela a l’air de l’amuser. Je lui tends ma main afin de l’aider à se relever.
Il se met à ma hauteur et nous commençons à regagner l’entrée du ponton, visiblement il a l’intention de me suivre et c’est avec un léger sourire aux lèvres que je redescends vers la plage.
 
Cela fait facilement une bonne heure que nous marchons côte à côte sans rien dire et il finit par briser le silence.
— Je croyais que tu allais me faire découvrir les merveilles de la ville, dit-il d’un ton amusé.
C’est alors que je m’arrête, lui faisant face en le regardant droit dans les yeux. Puis je saisis délicatement son menton de la main droite afin de lui faire tourner la tête face à la mer.
— Le coucher de soleil sur l’Océan, murmuré-je
À cet instant, je vois son regard s’agrandir puis il se retourne de nouveau vers moi.
— Je n’avais jamais pensé à ça, lâche-t-il.
— C’est normal. Tu as toujours vécu là, les gens d’ici ne prêtent plus attention à ce genre de choses.
— Tu marques un point.
Nous nous asseyons sur le sable encore chaud afin de contempler le spectacle qui s’offre à nous. Lorsque le dernier rayon de soleil s’échoue à l’horizon, nous restons là encore un moment avant de nous remettre en chemin.
Pendant notre marche toujours silencieuse, je sens ses doigts s’entremêler aux miens. Une chaleur envahit mon bras petit à petit, c’est une sensation extrêmement agréable et je ne souhaite qu’une seule chose à ce moment précis, que le temps se fige.
— Un dernier verre, fait-il d’une voix pleine d’espoir
Je hoche de la tête en signe d’approbation. Et comme la veille, je monte dans sa BMW en direction de sa demeure.
 
Nous passons la soirée à parler encore et toujours, à partir dans de nombreux fous rires à s’en donner des crampes d’estomac. Jusqu’au moment où il faut de nouveau se séparer. Et comme la veille, il finit par me ramener à ma petite chambre.
 
 
Le lien invisible
J'avais passé ces derniers jours à voir Matt quotidiennement et je dois avouer que j'apprécie énormément sa compagnie. Je me sens revivre auprès de lui, mais je ne dois pas occulter un détail : celui de ne jamais l'aimer autrement qu'amicalement.
Ce matin-là, je suis réveillée en sursaut par de grands coups à la porte. Je jette un œil à pendule : sept heures trente. Non, mais je vous jure, quel est le taré qui cogne comme ça, pesté-je.
— Éva, C'est Jessie ouvre !
Je peine à me tirer du lit en grognant un "j'arrive".
J'avais pris la mauvaise habitude de me coucher tard, mais sa façon de tambouriner à ma porte me rend inquiète et je ravale aussitôt ma mauvaise humeur. J'enfile un gilet avant d'aller lui ouvrir.
— Un problème Jessie ? demandé-je inquiète.
— Je suis désolée de te réveiller, mais téléphone pour toi.
— Pour moi ? dis-je surprise.
— Oui quelqu'un demande à te parler, il n'a pas voulu me laisser son nom.
— Très bien j'arrive.
Je retourne vite fait à la salle de bain pour me redonner figure humaine puis, me rends à la réception.
— Je te passe la communication dans la salle à côté, tu seras plus tranquille, dit Jessie.
Je la remercie d'un signe de tête et pénètre dans la pièce qu'elle m'a désignée. Tandis que le téléphone sur la table se met à sonner, je suis prise d'une angoisse ; et si c'était ce Nath ? Je me ravise et finis par décrocher.
— Allo ?
— Éva, c'est Matt.
— Matt, tu vas bien ? paniqué-je.
— Oui, c'est juste que…
— Vas-y je t'écoute, reprends-je sur un ton plus calme.
— Et bien, je me demandais si…, marmonne-t-il comme un adolescent.
— Parle, tu commences à me faire peur.
— Je me demandais si tu accepterais de diner avec moi ce soir ? finit-il par avouer.
— Attend, tu me fais réveiller aux aurores pour m'inviter à diner c'est bien ça ? dis-je presque hilare.
— Je suis désolé, je n'avais pas d'autre moyen pour te joindre, mais si tu ne veux pas, je comprendrais.
Sa voix a changé et transpire la déception que j'en ai un pincement au cœur de l'avoir blessé.
— Excuse-moi, je suis surprise de ton appel si matinal, mais j'accepte ton invitation, tenté-je de me rattraper.
— Très bien, je passerais te prendre à vingt heures, dit-il ravi.
— Vingt heures c'est parfait.
— Alors à ce soir.
— À ce soir, murmuré-je avant de raccrocher.
Je ressors de la petite salle à la fois ravie et paniquée, car je n'avais jamais eu de diner en tête à tête. Jessie l'a sans doute remarquée et ne peut s'empêcher de m'interroger.
— Rien de grave ?
— Non non, m'empourpré-je
— Alors pourquoi t'as l'air paniqué ?
— Et bien…, j'ai un rencard, soupiré-je.
— Et ça justifie le fait que tu paniques ?
Là, je dois avouer qu'elle marque un point. C'est vrai quoi, je n'ai aucune raison de stresser. Après tout, ce n'est pas comme si j'y allais avec un inconnu.
— Oui tu as raison c'est stupide.
— J'espère que tu sais ce que tu vas mettre ?
— Euh…, je n'avais pas pensé à ça.
— Allé file, et profite de ta journée pour te trouver une tenue, dit-elle.
— Tu as raison, je file.
— Au fait Éva, m'interpelle-t-elle tandis que je m'apprête à quitter la réception.
— Oui ?
— Bonne chance pour ce soir, dit-elle dans un sourire plein de sous-entendus.
Je regagne ma chambre et je prends conscience de la situation. J'ai peur, oui j'ai peur, car c'est bien connu, les diners en tête à tête ne sont pas anodins, et si jamais… Finalement, je chasse cette idée de ma tête et me ravise à me préparer pour aller en quête d'une tenue pour ce soir.
Une fois parée, je quitte le motel, m'arrête vite fait prendre un petit déjeuner express avant gagner le centre-ville.
Je flâne devant les vitrines en quête d'une tenue adéquate. Le seul hic, je ne sais pas où Matt veut m'emmener. Dois-je être bien habillée ou pas, je n'en ai aucune idée. Je vois qu'une seule solution, opter pour une tenue passe partout. Je finis par pénétrer dans une boutique, fouillant désespérément dans les étals jusqu'à ce qu'une vendeuse m'interpelle.
— Puis-je vous aider ?
— Hum oui, je cherche une tenue pour un diner, bafouillé-je.
— Un diner d'affaires, un diner d'amoureux ?
— Et bien je…
— Je vois, dit-elle tout sourire. Si je peux me permettre, je vous suggère un caraco blanc crocheté ainsi qu'un slim noir satiné et une veste tailleur bleue.
— Hum oui.
—Très bien, installez-vous dans une de nos cabines, je vous rapporte tout ça.
Je m'exécute et en peu de temps, elle revient et me tend les habits au travers du rideau. J'entame l'essayage et à ma grande surprise, le résultat est surprenant. La tenue est chic sans exagération et le caraco est une pure merveille, je dois bien l'avouer. Je sors de la cabine et vu la tête de la vendeuse, celle-ci semble ravie.
— Vous êtes ravissante !
— Merci, mais temps que j'y suis, est-ce que vous auriez des chaussures assorties ?
— Je vous conseille des ballerines, c'est simple et passe-partout.
En un rien de temps, elle revient avec une paire de ballerines noires toutes simples.
 
La séance d'essayage terminée, je règle mes achats non sans avoir eu un "bonne chance" de la part de la vendeuse. Voilà une bonne chose de faite. Je regagne le motel et commence à tourner en rond dans ma chambre. Je finis par allumer la télévision et m'endormir sur un documentaire quelconque.
Je me réveille en sursaut, paniquée, mais vite soulagée en constatant qu'il n'est que dix-huit heures trente.
Ouf !
Pas une minute à perte, je file sous la douche et commence à me préparer pour ma soirée.
Après avoir terminé de me maquiller et de me coiffer, je décide de passer voir Jessie, histoire de décompresser avant. À peine ai-je franchi la porte que Jessie s'extasie :
— Woua Eva, tu es sublime !
— Merci, balbutié-je, sentant mes joues virer au cramoisi.
— Il en a de la chance, soupire-t-elle.
— C'est juste un diner, je te rappelle.
— Mouais, n'empêche qu'e c'est un sacré veinard, dit-elle en souriant.
— Je dois y aller, tenté-je de me dérober. Il ne devrait plus tarder.
— Tu me le présentes ?
— Hum pas ce soir, mais promis bientôt, allé bonne soirée Jessie.
— Merci toi aussi.
Sur le chemin du retour, je constate une silhouette devant ma porte. Il est en avance. Je souris et m'autorise de le contempler. Il porte un jean noir, une veste de même couleur, mais de dos, c'est la seule chose que je peux admirer.
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